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son client. « J’aurais cru, monsieur Jones, » dit-il avec un redoublement de sévérité, « que vous vous seriez fait un devoir de restituer à votre cousine l’argent dépensé par votre oncle pour acheter une terre qui vous appartient aujourd’hui.

— Eh ! qu’y puis je faire, si elle ne veut pas le recevoir ?

— Ne pas le recevoir ? Ce serait absurde. Dans une affaire de cette importance, elle sera naturellement guidée par son père. Elle ne vous devra pas pour cela de reconnaissance. L’argent doit être considéré comme lui appartenant, et vous ne ferez que lui restituer ce qui est réellement à elle.

— J’y consens très volontiers. Je n’y ai fait aucune difficulté, monsieur Apjohn. Je ne comprends pas pourquoi vous me parlez sur ce ton, comme si j’avais hésité un instant. » Néanmoins le regard de l’homme d’affaires resta sévère, sévère aussi le ton avec lequel il parla au pauvre garçon quand il quitta les bureaux. Il était bien malheureux ! Il était si évident pour lui que tout le monde le soupçonnait. Il était prêt à retirer de sa poche une grosse somme d’argent pour la donner à sa cousine, qui l’avait insulté, à signer avec empressement l’acte, au moment où on le lui présentait, et sa bonne volonté était récompensée par des paroles sévères et des reproches ! Oh ! maudit testament ! Pourquoi son oncle l’avait-il arraché au calme et au bien-être de son ancienne vie de Londres ?

Quand il rentra dans la bibliothèque, il s’assura que le volume n’avait pas été touché. Il n’était pas tout à fait sur la même ligne que les deux livres voisins ; il était plus enfoncé d’un demi-centimètre. Henry l’avait si attentivement observé qu’il était impossible qu’il ne vît pas si l’on était allé au rayon. Il ne s’approcha pas ; il put voir de la table