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Jones. Si M. Apjohn l’eût averti dans sa lettre de la formalité qu’il aurait à accomplir, il aurait trouvé le moyen de s’éviter la faute d’un si coupable mensonge ; il aurait eu le temps de méditer et de prendre une résolution. Si M. Apjohn lui avait dit, à son arrivée, ce qu’on allait exiger de lui, avant le moment décisif il aurait pu réfléchir un instant et cette hésitation, en présence de l’homme d’affaires, aurait fait connaître sur-le-champ la vérité. Mais il fut conduit devant le magistrat dans une complète ignorance de la nécessité où il allait être de mentir ; et, avant qu’il pût réunir ses idées, la fausse déclaration était faite.

« Vous comprenez, monsieur Jones, » dit l’homme d’affaires en présence du magistrat, « que, dans notre pensée, il est toujours possible qu’on trouve un testament postérieur.

— Je le comprends, grogna le malheureux.

— Il est bon que vous ne perdiez pas de vue cette éventualité, » dit d’un ton sévère M. Apjohn, « dans votre intérêt, bien entendu. »

Ce fut tout sur ce sujet. On lui donnait à comprendre que Llanfeare était alors en sa possession, mais qu’il était possible qu’il en fût dépouillé dans la suite.

On traita ensuite de l’affaire de la charge à mettre sur la propriété en faveur d’Isabel. Les actes étaient prêts : il n’y manquait que la signature du nouveau propriétaire.

« Mais elle a refusé de recevoir un sou de moi, » dit Henry, en hésitant au moment de signer. Rendons-lui la justice de dire que, malgré sa haine pour sa cousine, il n’hésitait pas à lui donner cette somme. Pour ce qui le concernait, il lui assurait volontiers les quatre mille livres.

L’homme d’affaires ne comprit pas la pensée de