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Mrs. Griffith, entrant dans la bibliothèque, après avoir frappé sur la porte un coup quelque peu impérieux. Il y avait eu jusque-là de rares communications entre le cousin Henry et ses domestiques, depuis la mort du vieillard. Mrs. Griffith l’avait averti qu’elle voulait quitter son service, et il lui avait répondu avec irritation qu’elle pouvait s’en aller quand elle voudrait. Depuis ce moment, elle était venue tous les jours chercher les ordres, qui avaient été assurément fort simples. Il ne s’était livré à aucun luxe de nourriture ni de vin, depuis que les clefs lui avaient été remises. Il avait dit à la femme de charge de faire préparer une cuisine simple, et c’est ce qu’elle avait fait. Il avait été dans une situation d’esprit telle que le désir ne lui était pas venu de jouir des délices d’une bonne table. Ce livre maudit, sur le rayon d’en face, avait détruit chez lui le goût des viandes et du vin.

« Que voulez-vous savoir ? demanda-t-il.

— Une femme de charge doit savoir quelque chose, monsieur, et s’il n’y a pas de maîtresse, elle ne peut s’adresser qu’au maître. Nous vivions toujours bien tranquilles ici ; mais quand on attendait quelque chose, Mlle Isabel m’en prévenait.

— Je n’attends rien, dit le cousin Henry.

— Quelqu’un doit-il me remplacer ?

— Qu’est-ce que cela peut vous faire ? Vous pouvez partir quand il vous plaira.

— Les autres domestiques veulent s’en aller aussi. Polly ne veut pas rester, pas plus que Mrs. Bridgemann. » Mrs. Bridgemann était la cuisinière.

« Ils disent qu’ils ne veulent pas vivre avec un maître qui reste toujours dans la même chambre. — En quoi cela les regarde-t-il ? Je suppose que je peux vivre, chez moi, dans la chambre qui me plaît. »

Il parla ainsi en se forçant pour paraître irrité ; il sen-