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— Oh si, certainement, je le ferai.

— Ne vous en inquiétez pas. Soyez assuré que rien au. monde ne me déciderait à accepter un sou de vous.

— Et pourquoi ?

— On accepte un don de ceux qu’on aime et qu’on estime, et non de ceux qu’on méprise.

— Pourquoi me méprisez-vous ? demanda-t-il.

— Trouvez-en la raison vous-même ; mais, soyez-en bien convaincu, je mourrais de faim, que je n’accepterais rien de vous. »

Elle se leva alors et, se retirant dans sa chambre, le laissa seul. Il était évident qu’Isabel n’accepterait pas le moyen de partage auquel il avait pensé.



CHAPITRE IX

seul à llanfeare


Le jour qui suivit la lecture du testament, Henry Indefer Jones, Esq. de Llanfeare, comme il devait désormais être appelé, fut laissé seul chez lui, sa cousine Isabel étant partie, comme elle en avait manifesté l’intention. L’homme d’affaires n’était plus là ; le docteur et les fermiers ne l’approchèrent pas ; le sommelier et la femme de charge se tinrent à distance ; et ce matin-là il n’y eut sans doute pas dans la Galles du sud d’homme plus tristement isolé que le nouveau propriétaire de Llanfeare.

Quelle cruauté ! quelle injustice quelle inhumanité sans précédents ! Voilà ce qu’il se redisait sans cesse,