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force. À ce moment, Joseph Cantor le jeune manifesta, par une mimique expressive, sa disposition à rouvrir la discussion sur ce sujet ; mais il fut arrêté par les efforts réunis de son père et de l’homme de loi. Si ce testament postérieur était trouvé, il devait être considéré comme le testament valable, à la place de celui dont lecture venait d’être donnée. Après cela, toutes les formalités ayant été dûment accomplies, M. Apjohn prit congé et retourna à Carmarthen.

Les clefs furent remises au cousin Henry, qui se trouva, de fait, seigneur et maître de la maison, et possesseur de tout ce qui en dépendait. Le sommelier, Mrs. Griffith et le jardinier l’avertirent qu’ils quittaient son service. Ils resteraient encore, s’il le désirait, pendant trois mois ; mais ils ne pensaient pas pouvoir être heureux dans la maison, maintenant que leur vieux maître était mort et que Mlle Isabel allait partir. Certainement, il n’éprouva à ce moment aucune des jouissances d’une entrée en possession. Il aurait volontiers, croyait-il, renoncé à Llanfeare, s’il avait pu faire cette renonciation avant tous les événements du dernier mois. Il aurait voulu que Llanfeare n’eût jamais existé.

Mais les choses étaient ce qu’elles étaient ; il fallait prendre un parti. Il fallait mettre le papier dans quelque cachette plus profonde et plus sûre, ou le détruire, ou en révéler l’existence. Il pensa qu’il pouvait jeter le livre avec le testament à la mer, quoiqu’il ne pût se résoudre à le brûler lui-même. Le livre lui appartenait maintenant ; il pouvait en disposer à son gré. Mais ce serait folie de laisser là le papier.

Alors il eut de nouveau la pensée que le mieux pour lui et pour Isabel serait que la propriété fût partagée entre eux deux. À un point de vue, elle lui appartenait à lui ; elle était devenue sienne sans