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penser à épouser un homme qui n’avait que le modique revenu de sa position ? Ne serait-ce pas une bassesse, une mauvaise action ? Tout devait être rompu entre elle et M. Owen. Si son père ne pouvait pourvoir à ses besoins, elle se placerait comme gouvernante, et si elle ne trouvait pas cet emploi, comme femme de charge. Même l’asile des pauvres lui serait un séjour moins désagréable que Llanfeare, si Llanfeare devait être la propriété du cousin Henry.

M. Apjohn lui avait dit qu’elle ne pourrait pas partir le mercredi, comme elle en avait eu l’intention. Il revint ce jour-là à Llanfeare, et elle le vit avant qu’il procédât à l’opération pour laquelle il était venu. Il voulait lire le dernier testament qui avait été trouvé, et dire à ceux qui assisteraient à cette lecture, qu’il se proposait, ainsi que le docteur Powell, exécuteur testamentaire adjoint, d’exécuter les dispositions de ce testament, mais à la condition que, si un autre acte postérieur était trouvé dans la suite, il annulerait celui-ci. Quoique ce testament eût été l’occasion d’une querelle entre lui et le vieillard, celui-ci l’avait désigné comme exécuteur testamentaire, ainsi qu’il l’avait fait toutes les fois qu’il avait écrit ses dernières volontés. Il expliqua tout cela à Isabel dans sa chambre et comprit sa répugnance à assister à la lecture de l’acte.

« Cela me serait impossible, » dit-elle ; « à quoi bon d’ailleurs ? Je sais d’avance tout ce qu’il contient ? Je souffrirais trop. »

Se rappelant le peu d’importance du legs qui lui était fait, et la nécessité où il serait d’expliquer que les fonds manquaient pour le payer, M. Apjohn n’insista pas pour qu’elle fût présente.

« Je partirai demain, » dit-elle.

Il lui demanda alors s’il ne lui était pas possible de rester jusqu’au commencement de la semaine sui-