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d’un trouble si violent, elle le trouvait assez naturel. Ce n’était pas sa faute si la nature ne lui avait pas donné le courage d’un homme. La lâcheté le lui rendait plus antipathique qu’auparavant ; mais elle ne se croyait pas encore le droit de le soupçonner d’un crime.

Immédiatement avant de partir. M. Apjohn eut une entrevue avec elle dans sa chambre.

« Je ne puis partir sans vous dire un mot, c’est que je ne puis encore exprimer une opinion arrêtée sur l’affaire qui nous occupe.

— Ne supposez pas, monsieur Apjohn, que j’éprouve la moindre anxiété au sujet de l’existence d’un autre testament.

— Alors ce n’est pas comme moi ; mais cela ne fait rien à la chose. Qu’il ait fait un testament qu’ont signé avec lui les deux Cantor, cela, je crois, ne peut être mis en doute. Qu’il l’ait ensuite détruit sans le dire aux deux témoins qui devaient certainement raconter plus tard ce qu’ils avaient été appelés à faire, cela me semble tout à fait incompatible avec le caractère réfléchi et prudent de votre oncle. Mais l’affaiblissement de ses facultés a été rapide à ce moment. Le docteur Powell croit qu’il était sain d’esprit le jour où il a fait le testament, mais il croit possible qu’il l’ait détruit un ou deux jours après, alors qu’il n’avait plus l’esprit assez lucide pour pouvoir juger ce qu’il faisait. Si ce dernier testament n’est pas trouvé, nous devons, je crois, expliquer comme je viens de le faire ce qui s’est passé. Je vous le dis avant de partir, pour que vous puissiez, vous aussi, vous faire une opinion. »

Et il s’en alla.

Il était impossible à Isabel de ne pas être certaine qu’elle en savait plus là-dessus que M. Apjohn et le docteur Powell. C’était à elle que le vieillard avait