Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette lecture. » Il prit ensuite congé et retourna à Carmarthen.

Isabel ne s’était pas montrée tout cet après-midi. Après l’exposé de M. Apjohn, et au moment où les recherches furent commencées, elle s’était retirée dans sa chambre. Il lui était impossible de prendre part à cette opération ; il lui était presque aussi impossible de rester, sans paraître prendre un intérêt trop vif à ce qui se serait fait sous ses yeux. Tout s’expliquait clairement pour elle, jusqu’aux moindres détails. Elle ne doutait pas que son oncle, sous l’empire du double sentiment que lui faisaient éprouver la présence de l’homme qu’il n’aimait pas et l’absence de celle qu’il chérissait si tendrement, ne fût revenu sur la décision qu’il avait prise. Voici comment elle s’expliquait la chose : l’affection de son oncle pour elle avait étouffé, pendant ces derniers jours d’affaiblissement physique et moral, ce qu’il croyait être la voix de sa conscience. C’était regrettable, bien regrettable ! Que n’avait-il eu près de lui quelqu’un qui le soutînt et le fortifiât dans ce déplorable moment de faiblesse, qui avait produit un si triste résultat ! Un testament, pensait-elle, doit être l’expression d’une volonté ferme et non l’acte d’un esprit irrésolu. Puisqu’il avait obéi à sa conscience, il aurait dû continuer à le faire. Mais ce qui était fait était fait. Isabel ne doutait pas qu’un autre testament n’eût été écrit en bonne forme. Et alors même qu’il n’eût pas été fait en bonne forme et ne dût pas être valable, il devait avoir existé à un certain moment. Où était-il maintenant ? Toutes ces pensées assiégeant son esprit, il lui était impossible d’assister aux recherches qui se poursuivaient dans la maison. Il lui répugnait d’être témoin de l’anxiété de son cousin et du tremblement nerveux qui secouait tous ses membres. Qu’il frissonnât, qu’il fût baigné de sueur sous l’influence