Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais il avait pu voir que l’écriture était bien cette écriture soignée et difficilement tracée que l’on connaissait à M. Indefer Jones, qui d’ailleurs écrivait le moins souvent qu’il pouvait. »

Voilà ce que raconta Cantor, ou du moins ce qu’il avait à raconter pour le moment. Le tiroir fut ouvert et soigneusement examiné, ainsi que les autres tiroirs de la table. Puis une recherche minutieuse fut faite dans la pièce par l’homme de loi, accompagné du docteur, du sommelier, de la servante, et fut continuée pendant tout l’après-midi, mais en vain. Les femmes avaient été congédiées après l’exposé fait par M. Apjohn. Pendant le reste de la journée, le cousin Henry demeura assis, suivant des yeux les quatre personnes occupées à faire les recherches. Il n’offrit pas de les aider, ce qui était naturel, et ne fit aucune observation, ce qui était tout aussi naturel. La chose était d’une si grande importance pour lui que l’on ne devait guère s’attendre à le voir en parler. Allait-il avoir la propriété de Llanfeare et de ses dépendances, ou allait-il n’avoir rien ? Et puis, quoiqu’on ne l’accusât de rien, quoique personne n’insinuât que sa conduite, dans la circonstance, pouvait prêter au soupçon, il se voyait de la part de tout le monde l’objet d’une antipathie non dissimulée. Qui avait fait disparaître ce testament, dont l’existence à un certain moment ne pouvait être mise en doute ? L’idée se présenta naturellement à son esprit qu’on devait l’en accuser. Dans ces conditions, il n’était pas étrange qu’il ne parlât pas et ne fît rien.

À une heure avancée de la soirée, M. Apjohn, au moment de quitter la maison, posa une question au cousin Henry, et reçut de lui une réponse.

« Mistress Griffith me dit, monsieur Jones, que vous avez été enfermé avec votre oncle pendant une heure environ après que les deux Cantor l’ont eu quitté,