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qu’être peiné de voir mon vieil ami se fâcher contre moi. Je puis vous affirmer que pas un moment je n’éprouvai à son égard un sentiment d’irritation. Il était absolument dans son droit, et n’obéissait qu’à l’impulsion de sa conscience.

— Nous en sommes convaincus, dit Samuel Jones de La Grange, un vieux fermier que l’on croyait être un cousin éloigné de la famille.

— J’ai voulu, par cet exposé, continua l’homme de loi, expliquer pourquoi il n’était pas probable que M. Jones me fît appeler, si, pendant ses derniers jours, il se croyait obligé à changer une fois de plus la décision qu’il avait prise. Vous pouvez comprendre que si, pendant sa maladie, il s’est déterminé à faire encore un autre testament…

— Qu’il a fait, dit le jeune Cantor.

— C’est exact, nous allons y arriver.

— Joseph, je vais vous envoyer à la cuisine, dit Cantor le père.

— Vous comprenez, dis-je, qu’il ne pouvait lui être agréable de revenir, en ma présence, sur ce sujet. Il aurait dû en effet se ranger à l’opinion que j’avais soutenue ; et quoique personne ne fût plus prompt qu’Indefer Jones en bonne santé à reconnaître une erreur, nous savons tous que le courage faiblit en même temps que les forces. C’est, je pense, ce qui s’est produit en lui, et c’est pour cette raison qu’il n’a pas eu recours à mes services. S’il y a un autre testament…

— Il y en a un ! » s’écria l’incorrigible Joseph Cantor le jeune. Son père se berna à le regarder. « Notre nom y est, continua Joseph.

— Nous ne pouvons parler d’une façon si affirmative, monsieur Cantor, dit l’homme de loi. Le vieillard peut avoir fait un autre testament et l’avoir détruit. Il faut que nous ayons le testament pour agir con-