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— Tenez votre langue jusqu’à ce qu’on vous interroge, Joseph, ou je vais vous allonger un coup de poing.

— Je dois maintenant expliquer, continua M. Apjohn, ce qui s’est passé entre mon vieil ami et moi, quand j’ai reçu de lui, dans cette même pièce, mes instructions au sujet de l’acte qui est en ce moment devant vous. Vous m’excuserez, monsieur Jones, — il s’adressait directement au cousin Henry, — si je dis que je n’approuvais pas les intentions nouvelles de mon vieil ami. Il voulait prendre des dispositions tout autres quant à la propriété, et, quoiqu’il ne pût y avoir de doute, pas l’ombre d’un doute, sur le bon état de ses facultés mentales à ce moment, je ne croyais pas qu’un vieillard affaibli déjà par les années agît bien en changeant une détermination prise dans l’âge mûr, après de longues réflexions, sur un sujet si grave. J’exprimai énergiquement mon opinion, et il m’expliqua ses raisons. Il me dit qu’il croyait devoir transmettre la propriété dans la ligne directe de sa famille. J’essayai de lui faire comprendre qu’il atteindrait ce but, en transmettant la propriété même à une femme, à la condition que cette femme prît le nom de la famille et le donnât à son mari, si elle se mariait dans la suite. Vous comprendrez tous sans doute ce que je voulais dire.

— Nous le comprenons tous, dit John Griffith de Coed, que l’on regardait comme le principal fermier de la propriété.

— Eh bien, j’exprimai mes sentiments avec trop de vivacité peut-être. Je dois dire que j’étais sous l’empire d’une émotion très vive. M. Indefer Jones me fit observer que je n’avais pas à lui faire la leçon sur un sujet qui intéressait sa conscience. En cela il avait assurément raison ; mais je persistai à croire que je n’avais fait que mon devoir, et je ne pus