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ment. Mais Isabel n’accordait en apparence aucune attention à ses paroles et faisait remarquer simplement qu’il était naturel que, dans de si tristes moments, le jeune homme restât enfermé.

« Mais il devient si pâle, mademoiselle, disait la femme de charge. Il n’était pas blanc comme cela la première fois qu’il est venu à Llanfeare. » Isabel ne répondait pas mais elle avait remarqué, elle aussi, la pâleur et l’abattement de son cousin.

Le lundi matin, tandis que les hommes chargés de l’ensevelissement accomplissaient leur lugubre tâche, avant l’arrivée du docteur et de l’homme d’affaires, elle descendit le trouver pour lui dire quelques mots du programme des cérémonies de la journée. Jusque-là, on, s’était borné à avertir Henry que, le matin de ce jour, on devait enterrer le corps au pied des murs de la vieille église, et, qu’après les funérailles, lecture serait faite du testament. Entrant dans la pièce d’une façon un peu soudaine, elle le trouva assis, inoccupé ; il y avait bien un livre ouvert sur une table près de lui mais, d’après la position qu’avait le livre, elle vit que son cousin ne le lisait pas. Il était là ; ses yeux paraissaient fixés sur les rayons et, quand elle entra dans la chambre, il bondit, pour aller la recevoir, avec une expression manifeste de surprise.

« M. Apjohn et le docteur Powell seront ici à onze heures, dit-elle.

— Ah oui, répondit-il.

— J’ai cru devoir vous le dire, pour que vous soyez prêt.

— Oui ; c’est bien aimable à vous. Mais je suis prêt. Les hommes viennent d’arriver ; ils ont mis le crêpe à mon chapeau et ont posé ici mes gants. Vous ne viendrez pas, naturellement ?

— Si, je suivrai le corps, Je ne vois pas pourquoi