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étaient soulignés. Il continuait en disant que les fermiers suivraient naturellement le convoi, et qu’il avait pris sur lui d’inviter ceux d’entre eux qui avaient connu leur maître le plus intimement à assister à la lecture du testament. Il donnait leurs noms ; parmi eux étaient les deux Joseph Cantor, le père et le fils. Isabel remarqua aussitôt que le fils n’était pas lui-même l’un des fermiers, et que, pourtant, la liste ne contenait que des noms de fermiers. Elle en conclut que M. Apjohn connaissait aussi l’histoire que la femme de charge lui avait racontée. Pendant ces quelques jours, Isabel n’eut que très peu de rapports avec son cousin. Ils ne se rencontraient qu’au dîner et ne se parlaient presque pas. Ce que Henry faisait pendant la journée, elle ne le savait même pas. Il y avait, entre le salon et la salle à manger, une pièce qu’on appelait la chambre aux livres ; c’est là qu’étaient rangées les quelques centaines de volumes qui composaient la bibliothèque de Llanfeare. L’oncle Indefer ne l’avait guère fréquentée de temps en temps, il y entrait pour prendre sur les rayons un volume de sermons. Depuis longtemps il avait l’habitude de se tenir dans la pièce où il faisait ses repas, et détestait d’aller dans le salon. Isabel avait un salon à elle, au premier étage ; elle ne s’était jamais tenue dans la chambre aux livres. C’était là que s’était installé le cousin Henry ; il y restait toute la journée, et l’on ne croyait pourtant pas qu’il y lût beaucoup. Pour le déjeuner et le souper, il allait seul à la salle à manger. Au dîner, Isabel descendait. Mais, pendant les longues heures du jour, il demeurait au milieu des livres, et ne quitta jamais la maison, jusqu’au moment où il dut recevoir M. Apjohn et le docteur Powell, avant la cérémonie des funérailles. La femme de charge se demandait ce qu’il pouvait faire dans la bibliothèque et manifestait quelquefois son étonne-