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aucun renseignement sur ce sujet. Elle ne les avait pas vus elle-même, mais elle avait vu d’autres fermiers, et la croyance générale à Llanfeare était, disait-elle, que le vieillard avait fait un autre testament après le départ de sa nièce.

En réponse à tous ces propos, Isabel disait que si un testament nouveau, qui serait alors seul valable, avait été fait, on le trouverait parmi les papiers de son oncle. Elle savait que les testaments précédents étaient liés en un paquet et déposés dans l’un des tiroirs du bureau de son oncle. Celui-ci l’avait invitée à les lire ; de mille manières, il lui avait montré qu’il ne voulait pas avoir de secrets pour elle. La clef de ce tiroir même était en ce moment dans les mains d’Isabel. Rien ne pouvait l’empêcher de faire des recherches, si elle l’avait voulu ; mais elle ne toucha jamais au tiroir. Elle en renferma la clef dans une enveloppe qu’elle mit encore sous clef. Tout en écoutant les récits de la vieille servante, elle la grondait. « Il ne faut point parler de ces choses-là, disait-elle ; mon oncle a eu l’intention d’instituer son neveu héritier de Llanfeare ; je crois qu’il l’a fait en réalité. Il vaut mieux que l’on n’en cause pas jusqu’après la lecture du testament. »

Pendant ces jours, elle ne sortit pas du jardin et évita soigneusement de rencontrer les fermiers, même quand ils venaient à la maison. Elle ne vit pas M. Apjohn, et ne revit pas le docteur avant les funérailles. L’homme d’affaires lui avait écrit plusieurs fois et lui avait expliqué comment il avait l’intention de procéder. Il arriverait, avec le docteur Powell, à la maison, à onze heures. Les funérailles seraient terminées à midi et demi ; on ferait une collation à une heure, et, aussitôt après, on chercherait le testament pour le lire. Les mots « on chercherait » étaient soulignés dans la lettre, sans que rien expliquât pourquoi ils