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oncle, dans la dernière expression de ses volontés, n’avait pas voulu que son neveu fût son héritier.

Pendant ces jours, elle reçut des rapports qui semblaient confirmer sa croyance. Elle n’avait pas l’habitude de parler familièrement aux servantes, quoiqu’il n’y eût pas à Llanfeare d’autres femmes avec qui elle pût avoir quelque intimité. Elle avait un sentiment de sa dignité qui lui rendait déplaisante et qui réprimait toute familiarité chez les domestiques. Mais à ce moment la femme de charge vint lui faire un récit auquel Isabel ne put s’empêcher de prêter l’oreille. On racontait dans les environs que le vieillard avait certainement fait un autre testament, depuis qu’Isabel avait quitté Llanfeare pour aller à Hereford.

« Si cela est, dit sévèrement Isabel, on le trouvera quand M. Apjohn viendra dépouiller les papiers de mon oncle. »

Mais ces paroles ne semblèrent pas satisfaire la femme de charge. Elle croyait que son maître avait écrit un acte, et pourtant on n’avait pas envoyé chercher M. Apjohn, comme auparavant, dans les autres circonstances semblables. Toutes les fois que le vieillard avait fait un testament, nul ne l’avait ignoré à Llanfeare. On avait mandé M. Apjohn, qui était revenu un ou deux jours après avec deux clercs. On comprenait bien que les clercs devaient être les témoins. Le vieux sommelier, qui apportait le xérès et les biscuits après que l’acte était dressé, était bien au courant de ce qui se passait dans ces occasions. Cette fois, rien de semblable. Le vieux Joseph Cantor, l’un des fermiers de la famille depuis trente ans, et son fils Joseph, avaient été appelés et l’on supposait qu’ils avaient servi de témoins. La femme de charge semblait croire que, quand on les avait interrogés, ils avaient refusé de donner