Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous lui dites que c’est mon avis. Si vous rencontrez quelque difficulté, envoyez chercher M. Apjohn. »

M. Apjohn était l’homme d’affaires ; mais tout récemment il y avait eu un désaccord entre lui et l’oncle Indefer ; aussi le conseil du docteur ne plaisait-il pas à Isabel.

« D’ailleurs, continua-t-il, vous ne rencontrerez aucune difficulté de ce genre. Il serait bon que les funérailles eussent lieu lundi ; le testament sera lu immédiatement après. M. Apjohn viendra pour cet objet. Tout cela ne peut soulever aucune objection ; je connais les sentiments de M. Apjohn : il vous est tout dévoué, comme il l’était à votre oncle. »

M. Apjohn avait pris sur lui de « gronder » le vieillard à cause du changement, désavantageux pour Isabel, qu’il avait fait dans son testament. Le vieillard l’avait dit à Isabel. « Si je crois bien agir, quel droit a-t-il de me gronder ? » La « gronderie » n’avait été sans doute qu’un de ces avis qu’un homme d’affaires se croit souvent appelé par son métier à donner à ses clients.

Isabel pensa que le mieux était de tenir ces paroles secrètes, au moins pour le moment. Elle prit même la résolution de ne jamais les rapporter, à moins que d’autres faits ne permissent d’en interpréter le sens avec certitude. Elle ne voulait pas laisser croire que ces mots l’eussent amenée à espérer la propriété. Elle était pourtant convaincue que le vieillard pensait à sa propriété en parlant ainsi : « Tout est bien, c’est fait. » Quand son oncle avait, en rassemblant tout ce qui lui restait de forces, prononcé ces mots, il avait voulu faire entendre que sa dernière décision avait été « bonne » pour Isabel. Elle en était convaincue. Mais, en même temps, elle se rappelait l’intelligence affaiblie du vieillard et ses pensées fugitives, qui s’efforçaient sans doute de se fixer sur