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ses habits de voyage et se disposer pour veiller son oncle pendant le reste de la nuit, la femme de charge, qu’Isabel avait toujours connue à Llanfeare, lui déclara que, selon elle, le vieillard ne parlerait plus.

« C’était l’opinion du docteur, dit-elle, quand il est parti. »

Elle redescendit promptement et occupa la place que la vieille domestique n’avait pas quittée depuis trois jours et trois nuits. Elle la renvoya bientôt, pour avoir la satisfaction de faire elle-même tout ce qui serait à faire. Il n’y avait aucune nécessité que son cousin fût là. Si le vieillard avait encore quelque connaissance a son lit de mort, ce n’était certainement pas l’héritier choisi par lui qu’il désirait voir.

« Il faut vous retirer, dit Isabel.

Le cousin s’en alla, et quelques paroles persuasives décidèrent la femme de charge à en faire autant. Les heures s’écoulèrent ; Isabel était assise, la main posée légèrement sur celle du vieillard. Quand elle la retirait, ne fût-ce que pour humecter les lèvres du malade, il faisait un léger signe d’impatience. Enfin les premières lueurs du jour pénétrèrent dans la chambre par la fente des volets ; à ce moment, le vieillard sembla reprendre un peu de vie ; enfin, d’une voix basse, il murmura ces mots mal articulés, mais intelligibles :

« Tout est bien ; c’est fait. »

Bientôt après Isabel tira violemment la sonnette, et, quand la femme de charge entra dans la chambre, elle lui annonça que son vieux maître n’était plus. Arrivé à cheval de Carmarthen, à sept heures, le médecin n’eut plus qu’à certifier la mort d’Indefer Jones, en son vivant propriétaire de Llanfeare, dans le comté de Carmarthen.