Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Vous me permettrez de vous écrire bientôt ? » dit M. Owen au moment où elle sortait ; mais elle ne répondit pas, dans sa précipitation à quitter la chambre ; elle ne répondit pas davantage aux paroles d’espoir et de consolation de ses parents. À quelle heure le train prochain ? À quelle heure atteindrait-elle Carmarthen ? Quand serait-elle, une fois encore, au chevet du vieillard ? Elle quitta Hereford dans l’après-midi, et à dix heures du soir, elle était à Carmarthen. Une personne qui connaissait bien le service des trains avait dû prévoir son arrivée pour cette heure : à la station une voiture l’attendait pour la conduire à Llanfeare. Avant onze heures, assise près du lit de son oncle, elle tenait la main du vieillard dans les siennes.

Son cousin Henry était dans la chambre, ainsi que la femme de charge, qui n’avait presque pas quitté son maître depuis le départ d’Isabel. Isabel avait vu tout d’abord, à l’attitude qu’avaient les vieux serviteurs à son entrée, à la figure désolée du sommelier, à la présence dé la cuisinière, qui était dans la maison depuis vingt ans, que l’on attendait quelque terrible événement. Ce n’est pas ainsi qu’on l’aurait reçue si le danger n’avait pas été imminent.

« Le docteur Powell vous fait dire, mademoiselle, qu’il sera ici de grand matin. »

Cet avis de la cuisinière lui fit comprendre que tout ce que l’on espérait, c’était que le vieillard passerait la nuit.

« Oncle Indefer, dit-elle, comment cela va-t-il ? Oncle Indefer, parlez-moi. »

Il remua un peu la tête sur son oreiller ; il tourna un peu son visage vers celui d’Isabel ; sa main eut une faible étreinte ; un rayon de tendresse brilla dans ses yeux ; mais il ne put parler. Quand, une heure après, elle quitta la chambre pour aller retirer