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S’il a pu souhaiter auparavant que nous devinssions mari et femme, je ne crois pas qu’il le désire maintenant. Laissez passer la chose. Il a pris des dispositions en votre faveur, parce que c’est son devoir. Si vous ne faites rien qui lui cause un vif déplaisir, il ne les changera plus. Autant qu’il vous sera possible, ne lui parlez pas de choses qui lui soient désagréables. Or, toute parole à mon sujet, venant de vous, lui serait désagréable. Vous feriez mieux de visiter les fermes, de voir les fermiers, et d’apprendre tout ce qui est relatif à l’administration de la propriété. Voilà ce dont il faut lui parler. N’émettez jamais l’opinion qu’elle rend moins d’argent qu’elle ne devrait. Tel est l’avis que je peux vous donner. Et maintenant, si vous le voulez bien, nous ne reprendrons jamais le sujet de tout à l’heure. » Elle se leva alors et sortit, sans attendre de réponse.

Resté seul, il résolut de suivre ce conseil, tout au moins sur un point. Il ne renouvellerait pas son offre de mariage, et n’aurait plus d’entretien avec elle. Elle lui était naturellement devenue odieuse, depuis qu’elle lui avait si franchement déclaré ce qu’elle pensait de lui. Il avait fait la proposition et accompli ainsi son devoir. Il avait fait la proposition, et il se tirait sain et sauf de ce mauvais pas.

Mais il ne croyait pas entièrement à la sincérité de l’avis, en ce qui concernait leur oncle. Il brûlait du désir de s’assurer l’héritage à lui-même, et il pensait que sans aucun doute Isabel éprouvait la même convoitise. Il était possible que la persistance des intentions du vieillard dépendît de son obéissance ; dans ce cas, il était nécessaire que son oncle sût qu’il avait obéi. Naturellement, il lui dirait ce qu’il avait fait.

Mais il attendit pour cela qu’Isabel fût partie. Il suivit son avis relativement à la propriété et aux