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— Oui, au sujet de la propriété. Il a, je crois, fait un testament par lequel il vous la laisse. Il a agi ainsi, non qu’il vous préfère, mais parce qu’il pense que la propriété doit aller à l’héritier mâle. Je suis, comme lui, absolument d’avis qu’en ces sortes de choses on ne doit point être dirigé par l’affection. Il est si absolument honnête qu’il fera sans nul doute ce qu’il croit être son devoir.

— Mais l’effet est toujours le même

— Oui, quant à ce qui vous concerne, le résultat sera le même. Vous aurez la propriété, qu’il vous la donne par amour où par devoir.

— Et vous, vous la perdrez ?

— Je ne puis perdre ce qui n’a jamais été à moi, dit-elle eh souriant.

— Mais pourquoi ne l’aurions-nous pas tous deux, l’un aussi bien que l’autre ?

— Cela n’est pas possible.

— Si, c’est possible, si vous voulez vous rendre à mon désir, et aussi au sien. Je vous aime de tout mon cœur. »

Elle ouvrit de grands yeux, comme si elle éprouvait une vive surprise. Elle savait qu’il n’était pas bien de jouer cette petite comédie, mais elle n’eut pas la force dé résister à la tentation.

« Oui, dit-il, de tout mon cœur. Pourquoi ne nous marierions-nous pas ? Alors la propriété nous appartiendrait à tous deux.

— Oui, en effet, elle serait à nous deux.

— Pourquoi ne pas nous marier, hein, Isabel ? Et il s’approcha d’elle comme pour faire quelqu’une des démonstrations habituelles aux amoureux.

« Asseyez : vous, Henry ; je vais vous dire pourquoi ce n’est pas possible. Je ne vous aime pas du tout.

— Vous pourriez apprendre à m’aimer.