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tomber le papier des feuilles de l’un des volumes.

— Ce dut être un moment de triomphe pour vous.

— Oui. J’étais assez fier de mon succès. Et je suis fier de vous voir assise ici, et je sens que justice a été faite.

— Par vos mains.

— Que justice a été faite, et que chacun est remis à sa place. Je conviens que les hommes de loi aiment les luttes et les batailles. Mais une cause à la justice de laquelle je ne crois pas est un tourment pour moi. Vaincre l’injustice et la fouler aux pieds, voilà le triomphe que je désire. Il n’arrive pas souvent à un homme de loi d’avoir une si heureuse chance, et personne n’en aurait joui plus que moi. » Enfin, après une longue conversation, il lui dit adieu. « Dieu vous bénisse et vous donne ici le bonheur, ainsi qu’à votre époux ! Si vous voulez suivre mon conseil, vous substituerez la propriété. Vous aurez sans doute des enfants, et vous la transmettrez à l’aîné de vos garçons. C’est une sage mesure. Vous voyez au contraire quels terribles inconvénients il y a à laisser ignorer à ceux qui viennent après vous ce qu’ils peuvent attendre. »

Isabel resta seule à Llanfeare pendant quelques semaines ; pendant ce temps, tous les fermiers vinrent lui faire visite, ainsi qu’une grande partie de la noblesse des environs.

« Je le savais bien, dit le jeune Cantor, en se frappant presque du poing. « J’en étais sûr, et j’avais peine à me contenir. Mais penser qu’il l’avait laissé dans un livre de sermons ! »

Quand Isabel fut demeurée assez longtemps à Llanfeare pour donner ses ordres, signer des actes, et bien connaître la propriété dont elle devenait maîtresse, son père vint la chercher pour la rame-