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à moi-même qu’il sentait combien cette position était peu sûre.

— Il doit avoir été bien malheureux.

— Oui, sans doute. Je le plaignais de tout mon cœur. La façon injurieuse dont il était traité par tout le monde me faisait souffrir, quoique je fusse convaincu qu’il agissait mal. Je savais qu’il était coupable, — mais de quoi ? Ce pouvait être de tenir caché le testament, ou de savoir qu’il était caché. Quoique fripon, il n’était pas habile. La moindre ruse le mettait en défaut. Quand je lui demandai s’il savait où le testament était caché, il répondit faiblement que non, mais ses yeux disaient ouvertement qu’il mentait. Il était comme une petite fille qui hésite, rougit, et a déjà avoué toute la vérité avant d’avoir à demi murmuré le conte qu’elle invente pour sa défense. Comment se fâcher sérieusement contre l’enfant qui ment en quelque sorte malgré elle ? Je dus être sévère avec lui, jusqu’à ce que tout devînt clair pour moi ; mais je le plaignais et j’avais pitié de lui.

— Vous avez été bon pour tout le monde.

— Enfin, je ne doutai plus que votre oncle n’eût mis lui-même l’acte quelque part. Je me rappelai par hasard qu’il avait l’habitude de lire des sermons, et peu à peu je trouvai quelle devait être la cachette. Quand, le dernier jour, le cousin Henry nous engagea à faire une recherche dans la chambre à coucher de son oncle, mais nous défendit de toucher à quoi que ce fût dans la bibliothèque, je fus convaincu. Je n’eus qu’à parcourir des yeux les rayons jusqu’à ce que je découvrisse la série, et je compris que nous avions remporté la victoire. Votre père vous a dit comment il sauta sur moi, quand je voulus mettre la main sur les livres. L’angoisse lui donna un moment de courage. C’est alors que votre père fit