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satisfaction ; l’héritier légitime était arrivé ; plus d’ennuis pour eux ; Llanfeare redevenait un séjour heureux.

« Oh, miss Isabel ! » dit Mrs. Griffith, sanglotant aux pieds de sa jeune maîtresse, dans la chambre à coucher « Je disais bien que cela ne pourrait aller ainsi. Le Tout-Puissant ne pouvait le permettre. Il n’était pas possible que M. Henry Jones demeurât pour toujours le maître de Llanfeare. »

Quand Isabel descendit et s’assit, par hasard, dans le vieux fauteuil qui avait été celui de son oncle, M. Apjohn lui prêcha un autre sermon, ou plutôt lui chanta un chant de victoire, avec une joie qu’il ne pouvait réprimer.

« Maintenant, ma chère demoiselle, il faut que je vous laisse — heureusement dans votre propre maison. Vous pouvez à peine vous imaginer quel bonheur j’éprouve.

— Je sais combien je vous dois.

— Dès qu’il m’annonça son intention de changer ses dernières dispositions, j’en fus si malheureux que j’en perdis presque le repos. Je savais que, dans les objections que je lui faisais, j’allais au delà de la liberté que peut prendre un homme d’affaires, et il le supporta avec bonté.

— Il était toujours bon.

— Cependant je ne pus modifier ses idées. Je lui dis ce que je vous ai dit tout à l’heure sur la route, mais sans effet. Je n’avais donc plus qu’à obéir à ses ordres : je le fis de mauvaise grâce. J’en avais le cœur brisé, non pas seulement à cause de vous, ma chère demoiselle, mais à cause de la propriété, et de ce que j’avais entendu dire de votre cousin. Puis, le bruit se répandit qu’il avait fait un nouveau testament. Il a dû l’écrire aussitôt après votre départ de Llanfeare.