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situation d’héritière, elle lui répondit, sans lui donner d’espoir, sans lui rien dire de ses propres sentiments, et parlant d’elle-même comme si elle dépendait absolument de son oncle. « Il a décidé, » lui dit-elle, « qu’après sa mort la propriété doit être à moi. » Le jeune chanoine, qui ignorait cette circonstance, se redressa avec un mouvement d’orgueil blessé, et déclara qu’il n’avait pas eu l’intention de demander la main de la maîtresse de Llanfeare. « Ce ne serait pas une considération pour moi, continua-t-elle, lisant la pensée du jeune homme sur sa physionomie. « Je n’aurais pas été déterminée par un motif de ce genre. Mais comme mon oncle veut faire de moi sa fille, je lui dois l’obéissance d’une fille. Il n’est pas probable qu’il consente à ce mariage. »

Il n’y avait plus eu de communications entre eux jusqu’au jour où Isabel, de retour à Llanfeare, lui avait écrit que son oncle était opposé au mariage, et qu’il n’y fallait plus penser.

Cette rupture avait fait beaucoup de peine à Isabel, mais elle était en partie l’auteur de sa propre souffrance : elle avait trop dissimulé à son oncle ses sentiments. Quand elle dit au vieillard l’offre qui lui avait été faite, elle en parla comme d’une chose qui lui était presque indifférente.

« William Owen » avait dit Indefer, en répétant le nom, « son grand-père tenait l’hôtel à Pembroke !

— Je le crois, dit tranquillement Isabel.

— Et vous voudriez faire de lui le propriétaire de Llanfeare ?

— Je n’ai pas dit cela, répondit Isabel. Je vous ai soumis une proposition qu’on me faisait, et je vous ai demandé ce que vous en pensiez. »

Le vieillard alors secoua la tête, et tout fut dit. Isabel avait écrit la lettre qui informait William que la décision du vieillard était définitive.