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— Comment en étiez-vous certaine ?

— Il me l’a dit, mon père.

— Il vous l’a dit ! Vous ne m’en aviez jamais parlé.

— Il me l’a dit — au moment de mourir. À quoi servait-il d’en parler ? Mais comment a-t-il été trouvé ?

— Il était caché dans un livre de la bibliothèque. Aussitôt que les opérations nécessaires auront été faites, Llanfeare vous appartiendra. Il est mot pour mot le même que celui qu’il avait signé avant de faire venir votre cousin Henry.

— Alors le cousin Henry ne l’a pas détruit ?

— Non, il ne l’a pas détruit.

— Ni caché dans un endroit où l’on ne pût pas le trouver ?

— Ni caché.

— Combien j’ai été coupable et injuste envers lui !

— Quant à cela, ne disons rien, Isabel. Vous n’avez pas été injuste envers lui. Mais ne parlons plus de tout ce passé. Vous voilà donc l’héritière de Llanfeare. »

Naturellement, il lui raconta ensuite les choses en détail — comment le testament avait été trouvé par le cousin Henry, qui avait commis la faute de n’en pas révéler l’existence ; mais il fut convenu entre eux qu’aucune parole malveillante ne serait désormais prononcée dans la famille contre leur infortuné parent. Il aurait pu leur faire un tort irréparable, et il ne l’avait pas fait.

« Papa, » dit-elle à son père, quand ils se retrouvèrent seuls le même soir, « il faut dire tout cela à M. Owen. Racontez-lui tout ce que vous m’avez raconté.

— Certainement, ma chérie, si vous le désirez.

— Je le désire.

— Pourquoi ne vous donneriez-vous pas le plaisir de le lui apprendre vous-même ?

— Ce ne serait pas un plaisir ; aussi est-ce vous que