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Quant au cousin Henry lui-même, il sera, de la part de nos lecteurs, nous l’espérons, l’objet de quelque compassion. Il avait été attiré à Llanfeare par des promesses qui devaient n’être pas tenues. Victime d’un traitement injurieux et injuste, et déshérité, il était assez naturel qu’il eût l’idée de se venger, quand l’occasion s’en présenta à lui. Ne pas faire tout ce que commande la justice est, pour celui qui a quelque conscience, plus facile que de commettre un acte évidemment frauduleux ! Enfin, sa conscience le sauva, et M. Apjohn avait peut-être raison de dire qu’on lui devait beaucoup de reconnaissance pour n’avoir pas détruit le testament. Il fut amplement récompensé d’avoir reculé devant le crime.

Aussitôt qu’on put réaliser de l’argent sur la propriété, quatre mille livres lui furent comptées : c’était la somme dont le vieil Indefer Jones voulait charger la propriété en faveur d’Isabel, au moment où il avait cru devoir la déshériter.

Nous pouvons ajouter que, malgré la notoriété de l’affaire dans le comté de Carmarthen, on ne sut presque rien à Londres de la conduite coupable du cousin Henry.

Revenons maintenant à Hereford. Les deux avoués furent d’avis qu’il ne fallait pas faire connaître sur-le-champ à Isabel le changement heureux de sa position. « Il y a souvent si loin de la coupe aux lèvres, » dit M. Apjohn à M. Brodrick. Mais dès le commencement de la semaine suivante, M. Brodrick porta lui-même les nouvelles chez lui.

« Ma chère enfant, » dit-il à Isabel aussitôt qu’il fut seul avec elle, et après l’avoir avertie qu’il avait à lui faire une communication très importante, « après tout, votre oncle Indefer a fait un autre testament.

— J’en étais certaine, mon père.