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et — ce qui était bien plus important à ce moment pour les habitants de Carmarthen — le procès n’aurait pas lieu. Voici quelle était l’explication qui avait cours : M. Apjohn avait eu l’habileté de trouver le testament. L’acte avait été enfermé dans un livre de sermons, et M. Apjohn, se rappelant tout à coup que le vieillard lisait des sermons peu de temps avant sa mort, était allé droit au volume. Il y avait trouvé en effet le testament, dont la validité avait été reconnue par l’infortuné pseudo propriétaire. Henry Jones reconnaissait sa cousine comme héritière et pensait qu’il était inutile de continuer la poursuite. Voilà ce que l’on racontait ; et M. Apjohn, qui sentait bien que l’histoire n’était pas acceptée facilement, faisait de son mieux pour expliquer qu’on ne pouvait raisonnablement attendre d’un homme dépouillé tout à coup d’une belle propriété, qu’il parût devant la cour pour y subir l’interrogatoire de M. Cheekey.

« Je sais bien tout cela, » disait M. Apjohn, quand le propriétaire du journal lui faisait remarquer qu’il y avait toujours diffamation, que M. Jones fût ou ne fût pas le propriétaire de Llanfeare. « Je sais bien cela ; mais vous ne pouvez attendre qu’un homme vienne s’embarrasser encore de difficultés et se faire dire des choses désagréables, au moment où il éprouve un si terrible malheur. Vous avez attaqué à votre aise, et vous n’en serez point puni : cela devrait vous suffire.

— Et qui payera les frais ? demanda M. Evans.

— Vous, naturellement, vous n’aurez rien à payer, » dit M. Apjohn en se grattant la tête. Geary réglera tout cela avec moi. Ce serait ce pauvre diable de cousin Henry qui devrait payer.

— Il n’aurait pas l’argent nécessaire.

— En tout cas, j’arrangerai les choses avec Geary. N’ayez pas d’inquiétude. »