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La lettre achevée, les deux avoués partirent, laissant le cousin Henry à ses méditations. Il resta assis quelque temps, confondu par la soudaineté des événements qui venaient de se succéder, et incapable de recueillir ses pensées. Ainsi, la découverte du testament mettait un terme à cette agitation, faisait tomber toutes ces ardeurs. Il n’avait plus à se demander maintenant ce qu’il devait faire. Tout était fini. Il redevenait un employé ayant quelque argent en dehors de son salaire de clerc ; il retournait à son humble, mais tranquille position. Si seulement ses adversaires pouvaient être discrets ; si seulement ses camarades de Londres pouvaient croire que le testament avait été trouvé sans qu’il en connût la cachette, il serait satisfait. Il avait été frappé d’un coup terrible ; mais ce serait une consolation pour lui, si, en même temps qu’il perdait la propriété, il était déchargé des responsabilités et des accusations qui avaient pesé si lourdement sur lui. Le terrible M. Apjohn lui avait presque promis qu’on lui ménagerait une retraite facile. Tout au moins, il n’aurait pas à subir l’interrogatoire de M. Cheekey ; tout au moins, il n’aurait pas à paraître en justice. M. Apjohn avait promis aussi qu’il parlerait le moins possible. Il aurait à faire, pensait-il, une sorte de renonciation légale ; il était tout disposé à la signer au plus tôt, à la seule condition qu’on lui permît de partir, sans revenir sur l’affaire. N’avoir pas à voir les fermiers ; n’avoir pas à dire un mot d’adieu aux domestiques, n’avoir pas à aller à Carmarthen, n’avoir pas à affronter M. Cheekey et la cour de justice, — voilà tout ce qu’il souhaitait maintenant.

Vers deux heures, Mrs. Griffith entra dans la chambre, en apparence pour desservir la table du déjeuner. Elle avait vu le visage triomphant de M. Apjohn, et compris qu’il avait remporté une victoire. Mais quand