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ce que contenait le livre ? Quand vous avez dit à M. Griffiths, à Coed, que vous aviez quelque chose à révéler, n’était-ce pas votre couardise et la crainte du jugement qui vous réduisaient à dire la vérité ? Et n’est-ce pas par lâcheté encore que vous vous y êtes refusé, après votre promesse ? Vil poltron ! oseriez-vous nous dire que, quand nous sommes entrés dans cette chambre ce matin, vous ne saviez pas ce qu’il y avait dans le livre ? » Le cousin Henry ouvrit encore la bouche, sans pouvoir articuler un son. « Répondez, monsieur, si vous voulez échapper au châtiment que vous avez mérité.

— Il ne faut pas lui demander de s’accuser lui-même, dit M. Brodrick.

— Non ! cria le cousin Henry ; non il ne devrait pas demander à un homme de parler contre lui-même. C’est de la cruauté ; n’est-ce pas, oncle Brodrick ?

— Si je ne vous avais pas amené d’une façon ou d’une autre à parler contre vous-même, dit M. Apjohn, le testament serait encore là, et nous ne saurions rien. Il y a des circonstances où il faut extorquer d’un homme la vérité. C’est ce que nous avons fait pour vous, misérable créature ! Brodrick, voyons le papier. Je suppose que tout est en règle. » Il pouvait à peine contenir sa satisfaction et sa joie. Ce n’était pas qu’il eût la perspective d’un profit dans l’affaire. Il pouvait même se faire que tous les frais, y compris les honoraires de Cheekey, dussent être payés par, lui. Mais il était trop fier de son succès pour s’arrêter à des considérations de ce genre. Pendant tout un mois, il n’avait eu dans l’esprit que cette affaire du testament : y avait-il, ou non, un testament ? S’il y en avait un, où était-il caché ? Et voici que cette fatigue d’esprit, ces méditations, cette anxiété de tout un mois étaient couronnées par un triomphe ! Peu lui importait d’avoir à payer la carte.