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— Pourquoi vous enfuir loin de moi ?

— Non, pas loin de vous, mon oncle, mais loin de lui.

— Et pourquoi de lui ?

— Parce que je ne l’aime pas.

— Faut-il toujours fuir les personnes qu’on n’aime pas ?

— Oui, quand ces personnes, ou quand cette personne est un homme auquel on a fait un devoir de m’aimer. »

En parlant ainsi, elle regardait fixement son oncle, en souriant, mais sa physionomie montrait assez qu’elle posait indirectement à son oncle une question délicate. Il n’osa pas répondre, mais l’expression de son visage était un aveu. Il avait fait connaître son désir à son neveu.

— Ce n’est pas que j’aie le moins du monde peur de lui, » continua-t-elle ; « peut-être vaut-il mieux le voir ; et, s’il me parle, en finir avec lui. Combien de temps restera-t-il ?

— Un mois, je suppose. Il peut venir pour un mois.

— Alors, je resterai pendant la première semaine. Je dois aller à Hereford avant la fin de l’été. Dois-je lui écrire ? » Les choses furent arrangées comme elle l’avait proposé. Elle écrivait toutes les lettres de son oncle, même celles qu’il adressait à son neveu, à moins qu’il n’eût par hasard quelque chose de particulier à lui communiquer. Dans la circonstance présente, elle lui fit l’invitation dans ces termes :


« Llanfeare, 17 juin 1877, lundi.
« Mon cher Henry.

« Mon oncle désire que vous veniez ici vers le 1er juillet, pour rester un mois. Le 1er juillet sera un lundi.