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quelque sorte, par son flair, l’endroit précis où le testament était caché.

Toute l’ardeur belliqueuse du cousin Henry était tombée. Il n’essaya pas de renouveler la lutte, il n’essaya pas de nier sa faute, il ne répondit rien aux injures que M. Apjohn ne lui ménageait pas. Il se releva lui aussi, et s’assit sur la chaise la plus proche, cachant son visage dans ses mains.

« C’est le cas le plus extraordinaire que j’aie jamais connu, dit M. Brodrick.

— Que ce misérable ait caché le testament ? demanda M. Apjohn.

— Pourquoi dites-vous que je l’ai caché ? gémit le cousin Henry.

— Reptile ! s’écria M. Apjohn.

— Non pas qu’il l’ait caché, dit l’avoué d’Hereford, mais que vous l’ayez trouvé, et trouvé sans perquisitions, que vous l’ayez en quelque sorte suivi à la trace jusque dans le livre où le vieillard l’avait laissé.

— Oui, dit le cousin Henry ; il l’y avait laissé. Je ne l’ai pas caché.

— Voulez-vous nous faire croire, » dit M. Apjohn en le regardant avec toute la sévérité dont il était capable, « voulez-vous nous faire croire que, pendant tout ce temps, vous n’avez pas su où était le testament ? » Le malheureux ouvrit la bouche et essaya de parler, mais les mots ne vinrent pas. « Nous direz-vous que quand vous avez refusé, il y a un instant de nous laisser chercher dans cette chambre, tout en nous permettant de chercher ailleurs, vous ne connaissiez pas la cachette ? Quand je vous ai demandé l’autre jour, dans mon cabinet, si vous saviez où était le testament, et que la peur vous a empêché de me répondre, vous saviez bien jurer que vous n’aviez pas caché vous-même le papier, mais ignoriez-vous