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mencement de l’entrevue, attendant l’ordre d’aller chercher le mandat.

M. Apjohn avait pu saisir le nom de l’auteur sur le dos des livres. Il se rappela tout à coup avoir vu un volume, portant au dos le nom de Jérémie Taylor, sur la table du vieillard, Œuvres de Jérémie Taylor. Sermons. Il voyait encore le volume. C’était six mois auparavant ; mais le vieillard devait mettre longtemps à lire un si gros livre. « Vous me laisserez regarder quelques-uns de ces volumes, » dit-il en les montrant du pouce derrière lui.

— Vous ne toucherez pas à un livre sans un mandat régulier, » dit le cousin Henry.

M. Apjohn le considéra un instant. Il était le plus petit des deux et de beaucoup le plus âgé, mais il était nerveux et vigoureux. L’autre était d’un tempérament mou, et il était peu habitué aux exercices du corps. Une lutte corps à corps ne pouvait tourner à l’avantage du cousin Henry. Par un mouvement brusque, M. Apjohn se retourna et mit la main sur un des volumes de la série, mais ce n’était pas celui-là. Le cousin Henry sauta sur lui : le livre tomba. L’avoué saisit son adversaire à la gorge et le ramena vers la table. « Prenez les volumes de sermons l’un après l’autre, et secouez-les, dit-il à l’autre avoué. Je le tiendrai pendant ce temps-là. »

M. Brodrick obéit. Il secoua tous les livres, en commençant par le dernier. Du quatrième volume tomba le papier.

« Est-ce le testament ? » hurla M. Apjohn, qui avait à peine assez de respiration pour articuler les mots.

M. Brodrick déplia soigneusement le papier et examina l’acte. « C’est certainement un testament, dit-il, et il est signé par mon beau-frère. »