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éloignée du feu, à six pieds de l’endroit où était le livre, prêt à agir, tandis que l’avoué continuait à parcourir la chambre, se demandant ce qu’il devait faire. Il semblait porter le nez en l’air, et sa démarche n’était pas celle que lui connaissait le cousin Henry. En réalité, M. Apjohn promenait ses yeux sur les rangées de livres. Il s’était souvent trouvé dans cette chambre et avait lu un grand nombre des titres imprimés au dos des volumes. Il savait de quel genre étaient ces ouvrages, et n’ignorait pas que très peu d’entre eux avaient été déplacés du temps du vieillard. Il ne voulait pas s’arrêter et les examiner de près, — ce n’était pas encore le moment. Il marchait comme pour recueillir ses idées, et, en marchant, il s’efforçait de découvrir les livres de sermons qu’il se rappelait bien être dans la bibliothèque. « Vous devriez nous laisser faire ce que nous désirons, dit-il.

— Certainement non. À dire vrai, ce que je désire, c’est que vous vous en alliez, et que vous me laissiez tranquille.

— M. Cheekey saura tout cela, et que lui répondrez vous à M. Cheekey ?

— Je me moque de M. Cheekey. Qui le lui dira à M. Cheekey ? Est-ce vous ?

— Si vous vous conduisez ainsi, je ne puis demeurer votre avoué. »

En parlant ainsi, M. Apjohn s’était arrêté, s’adossant aux rayons et touchant presque de la tête la série des dix volumes de sermons de Jérémie Taylor. Le cousin Henry était devant lui, se demandant si c’était par hasard que son adversaire avait pris cette position, et tremblant à le voir si près du livre fatal. Il était prêt à s’élancer, s’il le fallait, et à tout risquer pour empêcher la découverte. M. Brodrick était toujours assis sur la chaise qu’il occupait depuis le com-