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plus de le persuader ; il lui dit simplement que leur devoir à tous deux était de ne pas laisser une pierre, sans voir ce qu’il y avait dessous. Ils partirent.

« Nous nous écarterons d’un demi-mille de notre route, dit M. Apjohn ; je veux vous montrer la porte de M. Evans. Sa maison n’est qu’à vingt minutes de Llanfeare ; s’il est nécessaire de lui demander assistance, vous le trouverez instruit de tout. Il y aura un agent de police prêt à vous suivre. Mais mon opinion est que le cousin Henry n’essayera pas d’empêcher nos recherches. »

Il était à peu près dix heures quand ils arrivèrent à la maison. Mrs. Griffith les introduisit immédiatement dans la bibliothèque, où le cousin Henry déjeunait en ce moment. Le malheureux avait tout le monde contre lui. Mrs. Griffith savait que M. Apjohn avait le désir de le chasser de Llanfeare, si c’était possible, et elle était disposée à l’aider par tous les moyens en son pouvoir. Aussi, sans donner à son maître avis de l’arrivée des deux étrangers, les fit-elle entrer sur-le-champ près de lui.

Le déjeuner du cousin Henry était frugal, comme l’avaient été d’ailleurs tous ses repas depuis qu’il était devenu le possesseur de Llanfeare. Ce n’est pas qu’il n’aimât pas la bonne chère ; mais il avait trop peur de ses domestiques pour leur montrer ses goûts. Et puis, ses ennuis étaient trop grands pour qu’il en pût chercher la consolation dans les plaisirs de la table. Devant lui étaient une théière, une tasse, du pain et du beurre, et l’os presque dépouillé d’un gigot de mouton. Les objets n’étaient pas disposés, comme sur la table d’une personne de bonne condition et bien servie, mais jetés pêle-mêle, comme dans une auberge de dernier ordre, sur une nappe fripée.

« M. Jones, dit l’avoué de Carmarthen, voici votre oncle, M. Brodrick, d’Hereford. » Les deux hommes,