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était obligé de se conformer à la coutume établie dans la classe à laquelle il appartenait. Cette pensée l’avait rendu malheureux ; elle l’agitait de sentiments contradictoires ; et maintenant qu’il approchait de l’heure de la séparation, il souffrait de laisser Isabel sans ressources suffisantes.

Mais la chose était faite ; le nouveau testament était écrit et lié au-dessus du paquet qui contenait les précédents. Alors naturellement il eut de nouveau la pensée, presque l’espérance, que quelque incident pourrait encore concilier les choses et amener un mariage entre les deux cousins. Isabel s’était déclarée si catégoriquement sur ce sujet, qu’il n’osa pas lui faire une nouvelle demande. Cependant il pensait qu’il n’existait pas de raison sérieuse qui les empêchât de devenir mari et femme. Henry, autant qu’il pouvait le savoir, avait renoncé à ses mauvaises habitudes. Comme homme, il n’était pas désagréable ; il avait l’abord plutôt froid ; il était grand, et ses traits étaient réguliers, ses cheveux d’un blond clair, ses yeux bleu gris ; on ne pouvait dire de lui qu’il n’était pas distingué, mais rien ne faisait dire qu’il le fût. Le défaut qu’il avait de ne pas regarder les gens en face n’avait pas frappé le vieillard aussi vivement qu’Isabel ; il n’aurait pas plu à son oncle, sans le lien de parenté qui les unissait ; peut-être même, sans ce lien, aurait-il continué de lui déplaire, comme dans le principe. Au point où en étaient les choses, Henry pouvait encore tenter de gagner son affection, et pourquoi pas aussi celle d’Isabel ? Mais il n’osa pas commander à Isabel d’essayer d’aimer son cousin.

« Je crois que j’aurais du plaisir à le revoir ici, dit-il à sa nièce.

— Certainement, plus les fermiers le verront, mieux cela vaudra. Je puis toujours aller à Hereford.