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CHAPITRE XX


HÉSITATIONS


« Je n’en sais rien, » avait balbutié le cousin Henry, quand M. Apjohn, après la sortie du clerc Ricketts, lui avait demandé s’il savait où était caché le testament. Après cette déclaration, M. Apjohn l’avait laissé aller.

En revenant dans la voiture de louage à Llanfeare, il faisait bien des réflexions : M. Apjohn savait qu’il y avait eu un testament, que ce testament existait encore, qu’il se trouvait être accidentellement caché, et que lui, Henry Jones, connaissait l’endroit où il était caché. Il était terrifié de voir que l’avoué avait lu si habilement son secret. Si on l’avait soupçonné d’avoir détruit le testament, ce qui aurait été bien plus naturel, il aurait moins cruellement souffert ; il n’avait rien fait, il n’avait commis aucun crime ; il connaissait simplement l’existence d’un papier que les autres, et non lui, avaient le devoir de trouver ; et voilà que cet avoué, aussi malfaisant que fin, avait tout découvert ! Il ne restait plus qu’à indiquer l’endroit, et l’on allait lâcher sur lui M. Cheekey pour l’y contraindre.

Il lui avait été presque impossible de trouver un mot à répondre à cette question de M. Apjohn : « Vous n’avez pas eu connaissance de l’endroit où il était caché ? » Il avait répondu de façon que M. Apjohn ne pouvait plus douter qu’il ne l’ignorât. Il sentait qu’il s’était perdu par sa lâcheté : rien, dans la manière d’être de M. Apjohn, ne justifiait l’épouvante