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accusation de M. Evans pour diffamation. On supposait généralement que le cousin Henry paraîtrait, et il y avait un léger retour de faveur de son côté. On ne croyait pas que, s’il était coupable, il osât affronter M. Cheekey.

Pendant ces quelques jours, M. Apjohn lui-même avait perdu quelque peu de sa confiance. S’il fallait employer de nouveaux moyens d’action, il était naturel qu’ils le fussent par le père de la jeune fille intéressée. Pourquoi ce retard, alors que l’affaire était d’une importance si considérable pour lui ? Mais les deux avoués étaient enfin réunis, et il fallait se décider à faire quelque chose, — ou à ne pas agir.

« J’espérais que vous seriez arrivé la semaine dernière, dit M. Apjohn.

— Je n’ai pu partir. J’avais des affaires que je ne pouvais laisser en suspens.

— Celle-ci est si importante ! dit M. Apjohn.

— Sans doute, de la plus grande importance, — s’il y a quelque espoir.

— Je vous ai dit exactement mon opinion et mon sentiment.

— Oui, oui ; je sais combien votre conduite a été honorable et bienveillante. Vous pensez toujours que le testament est caché ?

— Je pensais ainsi.

— Quelque chose a-t-il changé votre croyance ?

— Je ne puis le dire. Mon opinion était fondée sur certaines probabilités ; mais je ne saurais dire ce qui la modifie. L’incertitude est bien naturelle ; tout ce qui se passe est si mystérieux. Ma pensée était qu’il avait trouvé le testament dans un volume de sermons, volume que son oncle lisait pendant sa maladie, et qu’il avait laissé le livre à sa place, sur le rayon. Vous direz sans doute que les faits ne sont pas assez évi-