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taire de Llanfeare, ne devait pas m’épouser ; cette raison m’ayant semblé juste, il ne me convient pas aujourd’hui d’agir dans cette affaire. Comme propriétaire de Llanfeare, elle me redeviendrait étrangère. Je ne puis donc pas seconder vos efforts dans ce sens. En toute autre matière, mon dévouement à ses intérêts serait sans bornes. »

Le père pensa sans doute que les deux jeunes gens étaient entêtés et qu’ils agissaient contre leurs propres sentiments. Sa fille ne voulait pas épouser M. Owen, parce qu’elle avait été privée de l’héritage. M. Owen refusait maintenant d’épouser sa fille parce qu’il était à présumer que la propriété serait rendue à Isabel. Ne pouvant donc amener M. Owen à l’accompagner à Carmarthen, il se décida à partir seul. Ce n’est pas qu’il eût grand espoir. Il lui semblait certain que le cousin Henry détruirait le testament — ou l’avait déjà détruit — s’il avait été capable de le tenir caché. Néanmoins, l’affaire était si importante en elle-même et pour sa fille, qu’il lui était impossible de ne pas se rendre au désir de M. Apjohn. Mais il ne suivit pas exactement l’avis qu’il avait reçu ; il traita d’autres affaires avant son départ, et ne se mit en route que le mardi 27. Il arriva à Carmarthen à une heure avancée de la soirée et se rendit immédiatement chez M. Apjohn.

C’était le jeudi précédent que le cousin Henry était allé à Carmarthen, et depuis ce jour rien n’avait été fait pour éclaircir le mystère. On n’avait point pratiqué de recherches parmi les livres. Tout ce que l’on savait, à Carmarthen, du cousin Henry, pendant ces quelques jours, c’est qu’il n’était pas sorti de la maison. S’il avait eu l’intention de détruire le testament, le temps ne lui avait pas manqué. Dans la ville, on faisait les préparatifs ordinaires pour les assises, et le grand intérêt de la session devait être la mise en