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pas quitter la pièce avant que le procès fût terminé ? Dans ce cas, il fallait envoyer sur-le-champ un homme à cheval, pour empêcher la destruction du testament. Mais il n’avait pas le droit de violer ainsi le domicile d’autrui. Un magistrat consentirait-il à lui donner cette autorisation, sachant que des recherches avaient déjà été faites en vain, et que le testament avait été déclaré valable ? Un homme est chez lui comme dans une forteresse, à quelques soupçons qu’il soit en butte, à moins que l’on n’ait des preuves contre lui. S’il avait recours à un magistrat, que pourrait-il lui dire, sinon que l’attitude et la parole embarrassées de l’homme lui avaient démontré sa culpabilité ? Et pourtant, tout dépendait de la résolution à prendre dans le moment. Llanfeare retournerait-il aux mains de sa légitime propriétaire, ou demeurerait-il dans celles du voleur qui le détenait : c’est ce qu’allait décider sa conduite immédiate.

M. Ricketts, son clerc, était la seule personne avec laquelle il eût discuté tous les détails de l’affaire, la seule personne à laquelle il eût découvert toutes ses pensées. Après le départ du cousin Henry, il lui avait dit avec orgueil le succès qu’il venait d’obtenir ; mais, quelque temps après, il le rappela ; il n’avait plus le même ton. « Ricketts, dit-il, il a le testament près de lui, dans la bibliothèque, à Llanfeare.

— Ou dans sa poche, monsieur, » suggéra Ricketts.

— Je ne crois pas. Dans quelque endroit que soit maintenant le papier, ce n’est pas lui qui l’y a mis. Le vieillard l’avait déposé quelque part, et il l’a trouvé.

— Le vieillard était bien faible, monsieur, quand il a fait ce testament, dit le clerc. À ce moment, il ne descendait à la salle à manger qu’une ou deux heures avant le coucher du soleil. S’il a placé le tes-