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Je ne veux pas entendre parler de vendre les chevaux, et qu’il n’en soit plus question. Pendant vingt ans, vous ayez tous les jours parcouru la propriété, et ce serait pour moi une souffrance de vous voir changer cette habitude. Vous avez fait pour le mieux ; laissez tout cela maintenant dans la main de Dieu. Je vous en prie, ne parlons plus de cette affaire. Si seulement vous saviez combien l’entrée en possession de mon cousin me laissera peu de regrets ! »




CHAPITRE II

isabel brodrick


Quand M. Indefer Jones parlait de vivre encore deux ans, il montrait plus d’espoir que les médecins n’en donnaient à Isabel. Le docteur de Carmarthen visitait Llanfeare deux fois par semaine ; il était entré dans l’intimité et dans la confiance d’Isabel, et il lui avait dit que la chandelle était consumée à peu près jusqu’à la bobèche. Ce n’était pas qu’Indefer eût une maladie bien accusée : c’était un vieillard usé. Sans doute il pouvait encore se faire voiturer, chaque jour dans la propriété, se lever après le déjeuner, dîner au milieu du jour, suivant sa vieille habitude, faire en un mot bien des choses que ne ferait pas un homme véritablement malade ; mais le docteur pensait qu’il ne pouvait plus durer longtemps ; comme il l’avait dit, « la chandelle était consumée jusqu’à la bobèche ».

Cependant l’intelligence du vieillard n’avait pas