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le monde, eussent été simplement la conséquence des ennuis qu’il avait éprouvés ? Le vieillard pouvait bien avoir détruit lui-même l’acte qu’il avait eu la tentation de faire et alors on aurait été cruellement injuste pour le pauvre garçon. M. Apjohn ajouta ces nouveaux détails aux instructions qui devaient être données à M. Balsam, et le cousin Henry les signa.

La conversation roula ensuite sur M. Cheekey. M. Apjohn ne savait pas officiellement quelles questions M. Cheekey poserait au cousin Henry ; c’était avec l’avoué de la partie adverse que M. Cheekey avait dû en convenir. Il avait pourtant eu la pensée d’entretenir chez son client la terreur que son clerc avait fait naître ; il croyait que l’on servirait la cause de la vérité en agissant sur le pauvre être par l’intimidation. Mais cette nouvelle histoire changea ses dispositions. Si le cousin Henry était innocent, — il était, après tout, possible qu’il fût innocent, — n’était-il pas de son devoir de le protéger contre les procédés impitoyables de Cheekey ? Sans doute, on ne pouvait le soustraire à l’interrogatoire du terrible avocat, — si du moins il ne faisait pas défaut ; — mais il était bon de lui donner une idée de ce qui l’attendait.

« C’est M. Cheekey qui vous interrogera au nom de la partie adverse, » dit-il d’un ton qu’il voulait rendre plaisant. À ce nom terrible, la sueur perla sur le front du cousin Henry. « Vous savez quelle sera sa tactique ?

— Je ne sais pas du tout.

— Il essayera de prouver qu’un autre testament a été fait.

— Je ne le nie pas. N’ai-je pas dit au contraire que je croyais qu’un autre testament avait été fait ?

— Et que, ou bien vous ayez connaissance de son