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stance comme celle-ci ? Ils sont si curieux à Carmarthen ! Tandis que s’ils voient l’une des voitures de l’hôtel du Buisson, ils se soucieront peu de savoir qui est dedans. » Les choses furent ainsi réglées. La voiture serait à Llanfeare le lendemain à deux heures.

Oh ! s’il pouvait mourir ! Si la maison pouvait tomber sur lui et l’écraser ! Ce serpent de clerc n’avait pas dit un mot qu’il n’eût compris ; il ne lui avait pas lancé une flèche qui ne l’eût percé jusqu’à la moelle ! « Oh ! cela ne fait rien à un homme comme vous. » Le clerc, en prononçant ces mots, lui avait fait comprendre par son regard qu’il voulait le menacer et qu’il savait l’effrayer. Ils se préparent à vous bien recevoir, vous qui avez volé à votre cousine sa fortune ! C’est pour vous que vient M. Cheekey ! Voilà ce que lui avait dit ce clerc insolent. Et, bien qu’il eût cru sage de se rendre à l’avis qu’on lui donnait par rapport à la voiture, combien il était humiliant d’avoir à avouer qu’il craignait de se montrer à Carmarthen dans son propre équipage !

Il irait donc à Carmarthen, pour s’y trouver une seconde fois face à face avec M. Apjohn. C’était bien clair. Il ne pouvait y envoyer le testament à sa place. Pourquoi n’avait-il pas eu la présence d’esprit de dire au clerc qu’il fallait arrêter toutes démarches ? Il n’y a plus rien à faire. J’ai trouvé le testament. Le voici ; je l’ai trouvé ce matin même dans les livres. Portez-le à M. Apjohn, et dites-lui que j’en ai fini avec Llanfeare. Combien l’occasion était favorable ! Il ne lui aurait pas été difficile de jouer son rôle, en présence du clerc, confondu par l’importance de la révélation qu’on lui faisait. Mais il avait laissé échapper cette occasion, et il lui fallait aller à Carmarthen !

Le lendemain, à deux heures et demie passées, il