Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voitures, mais je ne veux plus les donner pour une besogne comme celle-là.

— Je suppose que vous en donnerez bien une pour conduire le cousin Henry devant la justice, » dit le commissaire-priseur. On avait pris l’habitude de l’appeler le cousin Henry, depuis le moment où l’on avait commencé à croire qu’il avait dépouillé sa cousine Isabel.

— Ce jour-là, je le conduirai pour rien, et je lui donnerai son déjeuner par-dessus le marché, plutôt que de lui faire manquer le plaisir de se rencontrer avec M. Cheekey.

— Cheekey tirera de lui tout ce qu’il y aura à tirer, dit M. Evans.

— Je pense que M. Cheekey va le réduire au mutisme. S’il a quelque chose à cacher, il sera si terrifié qu’il ne pourra ouvrir la bouche. On ne lui fera pas dire qu’il a commis le crime, mais il sera incapable de dire qu’il ne l’a pas commis. » Telle fut l’opinion de M. Geary.

« À combien se monteront les frais ? » demanda M. Powell.

— Le jury acquittera M. Evans. Voilà ce qu’il en coûtera, dit l’avoué.

— Et le cousin Henry retournera à Llanfeare, pour y être désormais tranquille, » fit observer M. Jones. C’était par ce résultat désastreux que probablement seraient récompensés leurs efforts : ils le prévoyaient bien.

Ils s’accordaient à penser que M. Cheekey lui-même aurait bien du mal à faire avouer au cousin Henry qu’il avait détruit de ses propres mains le testament. Il n’y avait pas d’exemple que l’avocat le plus habile eût obtenu, par un interrogatoire, un semblable succès. Que le cousin Henry restât muet, qu’il se trouvât mal, qu’il fût poursuivi pour refus de paraî-