Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

crois pas qu’il se serait tant éloigné de la maison, si le testament y avait été caché.

— Ne peut-il pas l’avoir sur lui ?

— Il n’est pas assez courageux pour cela. S’il l’avait sur lui, on le verrait aux mouvements de ses mains. Ses doigts tâteraient fréquemment la poche qui le renfermerait. Je ne sais que penser. Et c’est à cause de cette incertitude, que je l’ai mis sous la vis de pression de M. Cheekey. C’est un cas dans lequel je voudrais contraindre un homme, si c’est possible, à confesser contre lui-même la vérité. Et voilà pourquoi j’ai insisté pour qu’il vous poursuivît. Mais, en honnête homme, je dois espérer qu’il aura gain de cause contre vous, s’il est le légitime possesseur de Llanfeare.

— Personne ne le croit, monsieur Apjohn, personne à Carmarthen.

— Je ne dirai pas ce que je crois, moi ; je n’en sais rien moi-même. Mais ce que j’espère, c’est qu’avec l’aide de M. Cheekey, ou par quelque moyen, nous arriverons à connaître la vérité. »

Dans le cercle de ses amis, avec M. Geary, l’avoué, M. Jones, le commissaire-priseur, M. Powell, le propriétaire de l’hôtel du Buisson, M. Evans était plus glorieux. Il était pour eux, comme pour la population de Carmarthen en général, une sorte de héros.

On croyait que l’intrus serait expulsé de la propriété qui ne lui appartenait pas, et que le mérite en serait à M. Evans. « Apjohn prétend que son opinion n’est pas faite, » dit celui-ci à ses amis.

« Apjohn a son opinion faite, » dit M. Geary, « mais il parle toujours avec circonspection.

— Apjohn a très bien agi, » fit observer l’hôtelier. « Sans lui, on n’aurait jamais amené le coquin à comparaître. Il est sorti une fois dans une de mes