Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette jeune demoiselle m’a été insupportable dès le premier moment. Quand je l’ai vu, que je l’ai entendu parler, que j’ai vu ce qu’il était, — un pauvre être, rampant et lâche, — mon antipathie a pris plus de force encore. Je souffrais de voir que le vieil Indefer Jones, que j’avais toujours respecté, eût amené un tel homme au milieu de nous. Il l’a fait venir pour l’instituer son héritier. Si en effet il l’a fait son héritier, si le testament que j’ai lu était bien le dernier, alors j’espère de tout mon cœur que M. Cheekey ne pourra rien contre mon client. Et, s’il en est ainsi, je serai heureux de vous rendre visite dans votre nouveau domicile.

— Mais, s’il y a eu un autre testament, monsieur Apjohn, — un testament postérieur ?

— Alors on peut se demander si cet homme en a connaissance.

— Et s’il en a connaissance ?

— Alors j’espère que M. Cheekey tirera de lui la vérité lambeau par lambeau.

— Mais vous avez la conviction qu’il a cette connaissance ?

— Je n’en sais rien. Il est si difficile d’être certain d’une chose. Quand je le vois, je suis presque sûr qu’il est coupable ; mais, à la réflexion, mes doutes me reviennent. Ce ne sont point des êtres de ce calibre-là qui commettent des crimes. J’ai peine à m’imaginer qu’il ait détruit un testament.

— Ou caché ?

— S’il était caché, il serait dans les transes et craindrait toujours de le voir découvrir. J’ai eu cette pensée, quand j’ai su qu’il passait des journées entières assis dans la même pièce. Maintenant, il sort plusieurs heures de suite. Deux ou trois fois il est allé chez le vieux Griffiths, à Coed, et deux fois le jeune Cantor l’a vu couché sur les rochers. Je ne