Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Apjohn était d’ailleurs parfaitement honnête et bien intentionné. Il ferait tout son possible pour établir la calomnie, à la condition que son client fût le légitime possesseur de Llanfeare. En réalité, leur objet à tous était d’amener Henry Jones au banc des témoins, afin qu’on pût tirer de lui, s’il était possible, l’exacte vérité.

De jour en jour, de semaine en semaine, depuis les funérailles, l’opinion avait été s’affermissant à Carmarthen qu’un acte coupable avait été commis. On était irrité qu’un Henry Jones eût pu accomplir un tel crime, et n’en pût être convaincu. Le vieil Indefer Jones avait été respecté par tous ses voisins. Miss Brodrick, bien que peu connue personnellement dans le pays, y jouissait d’une réputation très avantageuse. L’idée que Llanfeare devait lui appartenir avait été agréable à tout le monde. Puis, on avait appris que le vieillard avait changé ses dispositions, et sa conduite avait été énergiquement désapprouvée, par M. Apjohn le premier ; et, quoique la discrétion soit une qualité nécessaire chez un homme d’affaires, on avait su leur dissentiment. Ensuite on avait appris que le vieillard était revenu à ses premières intentions. Les Cantor ne s’étaient pas gênés pour parler. On connaissait à Carmarthen tout ce qui s’était fait à Llanfeare, et même ce qui n’y avait jamais été fait. Enfin M. Griffiths, le dernier défenseur de l’honnêteté du cousin Henry, avait parlé.

On était donc convaincu que le cousin Henry avait tout simplement volé la propriété ; et pouvait-on supporter qu’un tel homme eût commis un tel acte, et qu’il n’en pût être convaincu ? On louait beaucoup M. Apjohn d’avoir, par son énergie, forcé le coupable à poursuivre M. Evans, et M. Evans lui-même n’était pas celui qui le louait le moins. Ceux qui avaient vu le cousin Henry croyaient qu’on le contraindrait à