Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/163

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

témoins. Dans une action civile, il conservait toute sa liberté. C’est pour ces raisons que M. Apjohn avait représenté la poursuite au criminel comme beaucoup plus avantageuse, et le cousin Henry était tombé dans le piège. Il le comprenait bien maintenant, mais il n’avait pas eu le temps de la réflexion au moment où il avait été mis en demeure de choisir. Il s’était donc engagé à poursuivre, et, il n’en pouvait pas douter, on le conduirait de force à Carmarthen, si auparavant il n’avait fait connaître la vérité relativement au testament. S’il faisait la révélation, il pensait que la poursuite tomberait d’elle-même. S’il allait leur dire : « Voyez, j’ai enfin trouvé le testament. Le voici ! Prenez-le, prenez Llanfeare, et que je n’entende plus parler de rien, » alors assurément on ne le contraindrait plus à se présenter pour une affaire que les faits mêmes auraient décidée en faveur des adversaires. Il avait laissé échapper l’occasion de livrer le testament à la justice par les mains de M. Griffiths, mais il était bien décidé à trouver un autre moyen, avant que le mois fût écoulé. Les heures étaient précieuses ; les jours se passaient, et il ne faisait rien. Sa dernière idée fut d’envoyer le testament à M. Apjohn avec une lettre, dans laquelle il lui dirait qu’il avait trouvé le papier dans un livre de sermons, et qu’il était prêt à quitter la propriété. Mais la lettre ne s’écrivait pas, et le testament était toujours entre les feuillets du livre.

On parlait beaucoup à Carmarthen de la tournure nouvelle que les choses avaient prise. On savait que Henry Jones, de Llanfeare, attaquait M. Gregory Evans, de la Gazette de Carmarthen, pour la publication de plusieurs articles calomnieux : on savait aussi que M. Jones avait pour avoué M. Apjohn ; mais on n’ignorait pas non plus que M. Apjohn et M. Evans n’étaient adversaires qu’en apparence.