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ce cas, son devoir à lui était de maintenir le vieil ordre de choses.

Cependant un nouveau souci était venu s’ajouter aux autres. Après qu’il se fut décidé à agir contrairement à ses principes et à donner satisfaction à ses sentiments, après qu’il eut déclaré à son neveu et à sa nièce qu’isabel serait son héritière, il eut une consolation dans ses ennuis : il put racheter un morceau de terre que son père avait vendu. Il avait toujours souffert de voir ces quelques arpents détachés de la propriété, non parce que son bien en était amoindri, mais parce que, selon lui, un propriétaire ne devait pas se permettre de diminuer sa terre, pendant qu’il l’avait en sa possession. Afin de pouvoir les racheter, il avait économisé de l’argent depuis que Llanfeare était entre ses mains. Puis était survenue la nécessité de pourvoir à l’avenir d’Isabel. Mais quand il eut en gémissant, décidé, qu’Isabel serait son héritière, il avait pu employer l’argent à l’accomplissement de son premier dessein, et il l’y avait employé en effet. Alors, il n’avait pu supporter les reproches de sa conscience, et il avait fait un nouveau testament.

On verra comment il avait essayé de concilier les choses. Quand on sut que Henry Jones était un travailleur sérieux, dans les bureaux de Londres auxquels il était attaché, qu’il avait jeté ses premiers feux, l’oncle Indefer commença à se demander si tout ne pouvait pas être arrangé par un mariage entre les cousins. « Il y a bien lieu de parler de ses feux, » avait dit Isabel en plaisantant, quand l’idée de ce mariage lui avait été suggérée pour la première fois. « Je les trouve bien éteints. Il n’ose regarder personne en face. » Son oncle s’était alors fâché de ce que, par une sotte observation, elle empêchait leur bonheur à tous.