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simplement comme son ami le plus cher. Mais il persistait à la vouloir considérer comme sa future femme. Ce n’est pas qu’il l’entourât de ses bras, qu’il fût familier dans ses gestes. Isabel ne l’aurait pas permis. Mais les termes affectueux dont il se servait en parlant d’elle ou en lui parlant, montraient qu’il la regardait comme lui appartenant ; et il riait doucement quand elle lui assurait que cela ne pouvait être.

« Vous pouvez bien me tourmenter un peu, » disait-il en souriant ; « tant de forces sont réunies contre vous que vous n’avez pas une chance de votre côté. Il serait monstrueux de supposer que vous voulez me rendre malheureux pour toujours, et vous aussi. »

À cela que pouvait-elle répondre, sinon qu’elle ne s’inquiétait pas de son propre malheur, et qu’elle ne croyait pas au sien. « Serait-ce convenable ? disait-elle. Comme je juge que non, je ne me marierai pas. » Il répondait en souriant encore, et en lui disant que, dans un ou deux mois au plus, elle serait absolument vaincue.

C’est à ce moment que les journaux commencèrent à leur arriver. Quand M. Owen vit clairement combien étaient fondés les doutes des habitants de Carmarthen relativement à la validité du testament qui déshéritait Isabel, il fit des visites plus rares et prit une autre attitude. Il venait simplement comme un ami de la famille et ne cherchait plus les entrevues particulières avec Isabel. Il ne parla pas à la jeune fille des articles de la Gazette, mais il s’en entretint longuement avec M. Brodrick. M. Brodrick déclara à son futur gendre qu’il croyait fermement aux accusations du journal, qui, après avoir été des insinuations, étaient devenues si précises. Puisque ces choses avaient été dites et imprimées, il n’était