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« Vous voyez un homme bien ennuyé, » dit le cousin Henry, commençant son histoire.

« Qu’y a-t-il, monsieur ? Le fermier s’assit sur une barre mobile et basse qui fermait l’entrée d’une grange ouverte, et le cousin Henry s’assit près de lui.

— Le jeune Cantor vient de m’insulter grossièrement.

— Il a eu tort. Quoi qu’il advienne de tout ceci, il n’aurait pas dû agir ainsi. C’est un roquet qui a toujours été trop hardi.

— J’ai été bien durement traité parmi vous.

— Quant à cela, monsieur Jones, vous savez quelles opinions on émet bien haut au sujet du testament. Je vous l’ai dit hier quand je vous ai vu.

— Quelque chose est arrivé depuis hier, quelque chose que je venais justement vous dire.

— Qu’est-ce qui est arrivé ? » Le cousin Henry poussa un gémissement lamentable en voyant venir le moment de la révélation. Il sentit que l’observation qu’il venait de faire relativement au jeune Cantor rendait inopportune pour l’instant cette révélation. Il aurait fallu qu’il lançât immédiatement son histoire. « Oh ! monsieur Griffiths, j’ai trouvé le testament ! » Voilà comment il aurait dû procéder. Il comprenait maintenant qu’il avait maladroitement laissé échapper l’occasion.

« Qu’est-ce qui est arrivé, monsieur Jones, depuis que je suis allé hier à Llanfeare ?

— Je crois que ce n’est pas ici le lieu et le moment de vous le dire.

— Quand, alors ?

— Pas aujourd’hui. Le jeune Cantor m’a mis hors de moi ; je ne sais plus ce que je dis.

— S’il ne s’agit que de dire quelque chose, monsieur, pourquoi ne pas vous expliquer ?